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25 septembre 2008

L'expérience de Milgram

Milgram_Experiment_advertising

(une des nombreuses parenthèses du cours de socianalyse)

 C'est une expérience de psychologie réalisée à partir de 1960 par le psychologue américain Stanley Milgram. Cette expérience vise à estimer à quel niveau d'obéïssance peut aller un individu dirigé par une autorité qu'il juge légitime et à voir le processus qui mène à un maintien de cette obéissance; notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience.

De 1960 à 1963, Milgram mène une série d'expériences, avec plusieurs variantes, permettant d'estimer à quel point un individu peut se plier aux ordres d'une autorité qu'il accepte, même quand cela entre en contradiction avec son système de valeurs morales et éthiques.

Des sujets acceptent de participer, sous l'autorité d'une personne supposée compétente, à une expérience d'apprentissage où il leur sera demandé d'appliquer des traitements cruels (décharges électriques) à des tiers sans autre raison que « vérifier les capacités d'apprentissage ».

L'université Yale à New Haven faisait paraître des annonces dans un journal local pour recruter les sujets d'une expérience sur l'apprentissage. La participation devait durer une heure et était rémunérée 4 $, plus 0,5 $ pour les frais de déplacement, ce qui représentait à l'époque une bonne opportunité (revenu hebdomadaire moyen en 1960: 25 $). L'expérience était présentée comme l'étude scientifique de l'efficacité de la punition (ici, par des décharges électriques) sur la mémorisation.

La majorité des variantes de l'expérience ont eu lieu dans les locaux de l'université Yale. Les participants étaient des hommes de 20 à 50 ans de tous milieux et de différents niveaux d'éducation.


L’expérimentateur amène le sujet à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant, qui est en fait un acteur.

L'expérimentateur et l'apprenant sont en réalité des comédiens, et les chocs électriques fictifs.

Au début de l'expérience simulée le futur enseignant est présenté à l'expérimentateur et au futur apprenant, on lui décrit les conditions de cette expérience, on l'informe qu'après tirage au sort il sera l'apprenant ou l'enseignant, puis on le soumet à un léger choc électrique (réel celui-là) de 45 volts pour lui montrer un échantillon de ce qu'il va infliger à son élève et pour renforcer sa confiance sur la véracité de l'expérience. Une fois qu'il a accepté le protocole un tirage au sort truqué est fait, qui le désigne systématiquement comme enseignant.

L'apprenant est ensuite placé dans une pièce distincte, séparée par une fine cloison, et attaché sur une chaise électrique. Le sujet cherche à lui faire mémoriser des listes de mots et l'interroge sur celles-ci. Il est installé devant un pupitre où une rangée de manettes est censée envoyer des décharges électriques à l'apprenant. En cas d'erreur, le sujet enclenche une nouvelle manette et croit qu'ainsi l'apprenant reçoit un choc électrique de puissance croissante (15 volts supplémentaires à chaque décharge). Le sujet est prié d'annoncer le voltage correspondant avant de l'appliquer.

Les réactions aux chocs sont simulées par l'apprenant. Sa souffrance apparente évolue au cours de la séance: à partir de 75 V il gémit, à 120 V il se plaint à l'expérimentateur qu'il souffre, à 135 V il hurle, à 150 V il supplie qu'on le libère, à 270 V il lance un cri violent, à 300 V il annonce qu'il ne répondra plus. Lorsque l'apprenant ne répond plus, l'expérimentateur indique qu'une absence de réponse est considérée comme une erreur. Au stade de 150 volts, la majorité des sujets manifestent des doutes et interrogent l'expérimentateur qui est à leur côté. Celui-ci est chargé de les rassurer en leur affirmant qu'ils ne seront pas tenus pour responsables des conséquences. Si un sujet hésite, l'expérimentateur lui demande d'agir. Si un sujet exprime le désir d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur lui adresse, dans l'ordre, ces réponses :

  1. « Veuillez continuer s'il vous plaît. »
  2. « L'expérience exige que vous continuiez. »
  3. « Il est absolument indispensable que vous continuiez. »
  4. « Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer. »

Si le sujet souhaite toujours s'arrêter après ces quatre interventions, l'expérience est interrompue. Sinon, elle prend fin quand le sujet a administré trois décharges maximales (450 volts) à l'aide des manettes intitulées XXX situées après celles faisant mention de Attention, choc dangereux.

R E S U L T A T S

Lors des premières expériences, 62,5% (25 sur 40) des sujets menèrent l'expérience à terme en infligeant à trois reprises les électrochocs de 450 volts. Tous les participants acceptèrent le principe annoncé et, éventuellement après encouragement, atteignirent les 135 volts. La moyenne des chocs maximaux (niveaux auxquels s'arrêtèrent les sujets) fut de 360 volts. Toutefois, chaque participant s'était à un moment ou à un autre interrompu pour questionner le professeur. Beaucoup présentaient des signes patents de nervosité extrême et de réticence lors des derniers stades (protestations verbales, rires nerveux, etc.).


D'autres expériences à travers le monde ont validé les résultats obtenus par Milgram. Les taux d'obéissance obtenus se sont même généralement avérés plus élevés que dans la situation originale. Des travaux ultérieurs ont montré que le pourcentage de personnes acceptant, dans des conditions expérimentales similaires, d'infliger des décharges très importantes était à peu près constant, entre 61% et 66%, quels que soient le lieu et l'époque où le test était mené.

2346980830

Milgram a qualifié à l'époque ces résultats « d’inattendus et inquiétants ». Des enquêtes préalables menées auprès de médecins-psychiatres avaient établi une prévision d'un taux de sujets envoyant 450 volts de l'ordre de 1 pour 1000.

à lire...

Soumission à l'autorité : un point de vue expérimental
Milgram, Stanley (1933-1984).
Chez Calmann-Lévy

à voir ...

I_Icare

 

"I" comme Icare

Film Français d'Henry Verneuil (1979)

avec Yves Montand


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Commentaires
F
Milgram s'est souvent référé à la shoah. La fragmentation des tâches et des responsabilités est une des clefs pour réaliser le pire. Y en a un qui ne fait qu'ouvrir les wagons, un autre ne fait que la soupe, l'autre ne fait qu'ouvrir les vannes et encore un ne fait qu'alimenter le four. Tous sont des prisonniers. Ils n'ont officiellement rien à se reprocher.<br /> <br /> De nos jour, on fait la même chose avec des cracks boursiers. Des pauvres types finissent dans la rue avec femme et enfants et s'ils s'en sortent, ils paieront des impôts pour renflouer les banques et les actionnaires. Et Nico cherche les coupables. S'il cherche bien, il ne va pas tarder à s'arrêter lui-même.
G
Sais pas pourquoi cet article me fait penser aux grandes guerres qu'à connu et que connait notre planète et nos "civilisations"...Etrange? Ou pas. Gare aux dériiiiiiveuuus! (aurait dit Brassens)
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